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Vivre sans soutien-gorge, vaste plaisanterie ou sujet sérieux ? Explications…
Je ne porte plus de soutien-gorge depuis de nombreux mois, pour ne pas dire années, vivre sans soutien-gorge fait donc partie de mon quotidien. Après avoir supprimé les petites culottes et avoir découvert grâce à cela le flux instinctif libre, il était logique que je me débarrasse des soutifs ! Ma liberté de mouvement en dépendait, mon bien-être personnel itou. Cela faisait plusieurs années que je me baladais avec des résidus de soutiens-gorge, comprendre par là qu’ils faisaient plus office de décoration qu’autre chose, ils étaient complètement détendus et comme je n’avais aucune envie d’en acheter de nouveaux, la transition était toute trouvée, je bazardais le tout ! Et puis, comme à chaque fois que je décide quelque chose, voilà que je découvre les dessous des dessous, enfin des soutiens-gorge, soit encore une histoire de béquilles, je choisissais une fois de plus de vivre hors du système,
Donc dans la série désapprendre pour mieux réapprendre et agir, voici comment une norme créée de toute pièce soi-disant pour le bien des femmes, porter un soutien-gorge, se révèle être la première cause de l’affaissement des seins. Nos béquilles mammaires que sont les soutiens-gorge ne font qu’atrophier chaque jour un peu plus notre poitrine !
“L’on habitue les jeunes filles à porter un soutien-gorge beaucoup trop tôt. Petit à petit, les seins prennent du poids et, comme ils sont maintenus, les tissus de soutien ne se développent pas. Par la suite, les femmes ne peuvent plus s’en passer, car elles estiment avoir mal et les seins qui tombent. Il faut savoir que celles qui n’en ont jamais porté ne constatent pas ce phénomène.” Jean-Denis ROUILLON médecin-chercheur à l’université de Franche-Comté (il mène une étude à ce sujet depuis 1997, en 2006 et 2009 paraissaient ses travaux).
Avant de vivre sans soutien-gorge, un petit historique pour s’y retrouver
Depuis des siècles, le “bien-être” des femmes est vu de différentes façons. Aperçu :
A l’époque de la Grèce antique (-400 à -100), il est de bon goût pour les femmes d’avoir une silhouette androgyne, c’est la mode du moment, et pour se faire, tout est bon ! Par exemple, gommer la féminité en aplatissant la poitrine et les hanches avec l’apodesme, un bandage formant une ceinture sous la poitrine pour la maintenir. De même avec le zona, une bande abdominale dissimulant les hanches et le ventre. Les jeunes filles portent le mastodeton, un mince ruban ceignant la poitrine pour empêcher le développement des seins.
La femme romaine porte habituellement les mêmes types de bandages que la femme grecque, juste les noms changent. Les bustes volumineux sont écrasés par un mamilliare en cuir, l’apodesme grec devient le strophium. Certains dessous de l’époque, dont la représentation la plus connue est celle de la villa romaine du Casale à Piazza Armerina en Sicile, ressemblent étrangement au bikini ou aux culottes et soutiens-gorge actuels.
Au Moyen Age, certaines femmes portaient également des soutiens-gorge (découverte d’archéologues de l’université d’Innsbruck en Autriche qui ont retrouvé, en 2008, dans le château de Lengberg, quatre soutiens-gorge datant du Moyen Âge), ce qui montre que le soutien-gorge a précédé le corset, pour ensuite faire un retour à l’époque moderne.
A l’époque moderne, le soutien-gorge a progressivement remplacé le corset au tournant des XIXe et XXe siècles sous la pression des idées féministes et hygiénistes. Le soutien-gorge ne connaîtra pourtant un véritable essor qu’à la fin des années 1920.
Je vais m’arrêter là pour l’aspect historique, les détails sont croustillants, Internet fourmille de données à ce sujet, je vous laisse chercher plus amplement si le cœur vous en dit. Je retiens par contre un élément important à mes yeux : les sous-vêtements ont changé en fonction des modes, et nous tournons joyeusement en rond depuis la Grèce antique.
Oui mais, comment les seins tiennent-ils ? un peu d’anatomie s’impose avant de décider de vivre sans soutien-gorge
Le sein est enveloppé d’une membrane fine et très solide, très solide lorsqu’elle est amenée à travailler. Le sein est également suspendu comme un filet à provision par ses ligaments reliés à la peau. Lorsque les ligaments de Cooper et les muscles peauciers qui sont les soutiens naturels de nos seins ne travaillent plus (suite au port d’un soutien-gorge), ceux-ci s’atrophient et la poitrine perd de sa fermeté puis s’affaisse encore plus rapidement avec le temps. C’est ainsi qu’environ pendant une période de trois mois, lors de l’arrêt du port du soutien-gorge, de vilains tiraillements se font sentir jusqu’à ce que le sein reprenne de la vigueur. Il doit se rééduquer, se renforcer comme un membre ayant été longtemps plâtré. C’est là qu’il faut être bien consciente de ce qui se produit, et ne pas remettre le soutien-gorge à cause de se désagrément ! soutien-gorge qui a lui-même créé de toute pièce cette fragilité.
Bon, personnellement, ayant retrouvée la petite poitrine de mes 20 ans (85B) depuis mon changement alimentaire (95B), je peux dire qu’effectivement, j’ai ressenti les tiraillements des 3 premiers mois sans soutien-gorge (alors que ma poitrine avait diminuée ! donc du poids en moins), et je me suis aussi à cette période là posée la question du “et si j’en achetais de nouveaux ?”. Bien m’en a pris de résister à la tentation, je n’ai plus aucun désagrément depuis longtemps, et ce même pendant mes séances de trampoline, c’est dire.
“L’arrêt du port du soutien-gorge est bien supporté par les femmes en terme de confort et d’esthétique. Contrairement aux idées reçues, le sein ne tombe pas mais il se raffermit, remonte et la qualité de la peau s’améliore.” Jean Denis Rouillon
Vivre sans soutien-gorge…
Au-delà de l’aspect esthétique, le point de vue santé ! pour ce qui est de vivre sans soutien-gorge
Lorsque les ganglions lymphatiques et les canaux lymphatiques sont compressés, les toxines ne peuvent plus être éliminées naturellement par le drainage lymphatique. A la place, elles s’accumulent dans le sein, faisant apparaître au fil du temps des kystes, fibro kystes et tumeurs cancéreuses
Il faut bien comprendre que les capillaires lymphatiques sont sous-cutanés et microscopiques, leur compression se fait par simple pression et empêche la lymphe chargée de déchets d’aller se déverser dans les vaisseaux ou même dans les ganglions. Environ 80% de la lymphe circule juste sous la peau.
“En 2000, deux chirurgiens des seins britanniques ont conduit des essais dans deux cliniques en Angleterre et au pays de Galles. Ils ont étudié des femmes pour voir si le fait de ne pas utiliser de soutien-gorge pouvait diminuer les douleurs de poitrine. Leur étude a conclu que pour la majorité des femmes pré-ménopausées il y avait une diminution de la douleur pendant une période de 3 mois sans soutien-gorge.
Pour l’étude, ils ont demandé aux femmes de ne pas utiliser de soutien-gorge pendant 3 mois, et à la place d’utiliser une sorte de T-shirt souple (ou un débardeur), pour celles qui souhaitaient un sous-vêtement alternatif, ou rien du tout. Pour comparer, elles ont utilisé à nouveau leurs soutiens-gorge pendant 3 autres mois. Pour le contrôle de l’étude, un autre groupe de femmes a fait l’inverse et ont utilisé un soutien-gorge 3 mois pour commencer et rien les 3 mois suivants.
Un documentaire d’une demi-heure a été tourné pendant l’étude et télévisé au niveau national en Angleterre en novembre 2000 sur canal 4 du Royaume-Uni. Les docteurs interviewés dans le documentaire ont commenté que les seins dans les soutiens-gorge sont plus chauds que les seins qui n’utilisent pas cet article et une connexion possible entre “l’échauffement” de la poitrine et le cancer du sein. Le professeur Hugh Simpson a examiné la recherche précédemment publiée, et a vérifié que les poitrines précancéreuses et cancéreuses sont, toutes les deux, plus chaudes que les poitrines normales. Le documentaire a inclus des vidéos thermographiques de femmes avec et sans soutien-gorge, en prouvant que les soutiens-gorge causent une augmentation de la température des tissus…”
Ce qui est à noter également, c’est que ceci est valable pour tout type de vêtement trop serré (savoir en quelle matière est le vêtement est aussi important, type synthétique ou naturel, le premier empêchant une bonne respiration des pores, alors que pour le deuxième tout va bien) et sur n’importe quelle partie du corps (chaussettes, chaussures, ceintures, jeans et autres pantalons serrés), que nous soyons des femmes ou des hommes ! le problème se retrouve notamment avec ce que certains appellent les “moule bites” de ces messieurs, soit les slips et autres caleçons qui serrent les testicules et provoquent un échauffement des tissus avec aussi des cancers à la clef.
Tu vas te retrouver avec des seins pendant comme les femmes africaines !
C’est en général le refrain qui revient lorsque nous parlons de vivre sans soutien-gorge, la phrase fétiche qui dit tout et clos d’office la discussion. Oui mais, sauf que, ces africaines aux seins tombants, aux seins en “battants de cloches”, aux seins en “gants de toilette”, et je ne sais quelles autres expressions, ces femmes donc, sont ainsi pour une raison bien précise, pour une raison pratique qui dépasse complètement les préoccupations, si ce n’est l’entendement, des autres femmes.
Les femmes du peuple Mossi se font bander la poitrine vers le bas, et ce dès la croissance des seins, avec pour objectif final de pouvoir allaiter plus facilement leur enfant placé sur leur dos pendant les travaux domestiques.
Enfin, il serait réducteur de penser que les africaines ont toutes les seins tombants à l’image des femmes Mossi. Pour s’en convaincre, il suffit juste de regarder d’autres tribus, comme les Himbas, par exemple.
Conclusion personnelle
Il est de notre responsabilité à chacune, de savoir ce que nous voulons. Où coller parfaitement à l’image que nous envoie la société dans laquelle nous vivons actuellement, où choisir notre santé et notre liberté en jetant aux orties cette norme scélérate. Oui, vivre sans soutien-gorge est une possibilité à ne pas négliger. Oui, vivre sans soutien-gorge n’est pas une lubie soudaine de femmes en mal de reconnaissance (histoire de se démarquer), c’est une reconquête du corps féminin par… les femmes.
Je suis le changement que je veux voir dans ce monde. Et vous ?
Odile
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