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Prédateurs et proies, deux protagonistes qui ne laissent pas de marbre ceux qui les observent, quitte à tomber dans la sensiblerie et ne plus avoir la vision d’ensemble, ne plus se rendre compte du rôle indispensable qu’ils ont dans l’équilibre de la nature. C’est encore sortir de cette victimisation ambiante face au prétendu vilain pas beau chasseur, c’est sortir de cette dualité bon/méchant pour comprendre ce qu’il y a derrière.
Quand il est de bon goût de traquer les chasseurs et la chasse
Au tout début étaient les animaux. Au tout début, l’homme n’existait pas encore. Ensuite il y a eu les chasseurs-cueilleurs. Nos ancêtres ont survécu parce qu’ils ont su tirer profit de ce qu’ils trouvaient pour se nourrir. Nos ancêtres ont survécu parce qu’ils ont aussi su imiter le monde animal, en plus du fait qu’ils étaient bien plus proches de leur intuition que nous ne le sommes à notre époque.
Un homme qui mangeait uniquement des végétaux pouvaient très bien vivre, il ne refusait pourtant pas la viande qui se présentait à l’occasion devant lui.
Première phase du déséquilibre entre prédateurs et proies : de la viande tous les jours
Au cours de l’évolution humaine, les habitudes alimentaires ont changées. Depuis le début du XXe siècle les humains ont pris le pli de manger de la viande tous les jours, chose qui ne se faisait pas du tout avant ! Avant, la viande était réservée aux jours de fêtes ou au week-end (et encore, pas tous ! car pendant les périodes de fêtes il y avait aussi les périodes de jeûnes, de très nombreuses périodes de jeûne… enfin je parle pour les pays chrétiens, en particulier à l’époque médiévale…).
Or depuis que ces fameuses habitudes alimentaires ont changé, il est devenu de bon goût, chez certaines personnes, de dénigrer le rôle des chasseurs, pour ne pas dire de les traquer. Soit de devenir à leur tour ce qu’ils reprochent aux chasseurs envers les animaux : être des prédateurs. Sauf que là, ce qui diffère, c’est qu’ils deviennent des prédateurs d’humains. Alors ils ne les abattent pas avec un fusil, non ! ils tentent de les abattre à coups de lois, de défilés, de droits des animaux, de la vie, etc. Ce n’est pas prendre leur vie, non, c’est prendre leur liberté de vivre comme le fait l’humain depuis la nuit des temps, comme le font tous les animaux de la planète. Les uns dévorant les autres pour continuer à vivre, qu’il s’agisse de prendre la vie d’un autre animal pour les carnivores, ou de prendre la vie d’une plante pour les végétariens. Car oui, une plante aussi est un organisme vivant qu’il est bon de respecter, et ce même s’il n’hurle pas à nos oreilles et ne dégouline pas de sang rouge foncé lorsque l’on débite en tronçons un poireau ou une carotte (mais bon, ce n’est pas le sujet du jour).
La vie dans son ensemble est à prendre en considération. Eh oui, il y a eu par le passé et il y a encore des horreurs, des excès au niveau de certains chasseurs, comme au niveau de certains pêcheurs, le domaine de la pêche étant à mettre sur le même plateau à mes yeux, soit encore une fois, le vivant dans son ensemble (en France et ailleurs).
En l’absence de grands animaux sauvages donc, de grands carnivores, l’humain est le prédateur des autres humains, car pour qu’il y ait un équilibre, il faut toujours un prédateur et une proie, c’est ce qui régule les populations, qu’ils soient de chasseurs ou pas.
Non je ne suis pas cynique, je me contente de présenter les choses à froid, sans faire de sentimentalisme.
L’élevage, cette chasse qui ne se dit pas
Deuxième phase du déséquilibre entre prédateurs et proies : quand l’animal devient un objet de grande consommation
Quand la chasse est nommée élevage, là tout va bien, enfin pour la plupart des gens. Parce que oui, tuer un animal pour le manger, à la base, c’est le boulot du chasseur. Ensuite le chasseur a donné le jour à nombre d’éleveurs, ces chasseurs fatigués de courir après le gibier. Je caricature, mais l’idée de fond est là. L’élevage est né pour faciliter la tâche lorsqu’il était question de trouver de la viande à se mettre sous la dent, idem pour les greniers et autres réserves pour y placer les cultures et éviter les périodes de famine, de disette. Au lieu de parcourir les forêts, l’éleveur s’en va chercher son lapin dans son clapier, et aujourd’hui, les poules et autres poulets sont dans des hangars avant de partir à l’abattoir. Je ne vous parle pas des bœufs, porcs et autres animaux réservés à la chaîne alimentaire des grandes surfaces, ceux qui ne connaissent jamais la vie dans les grands espaces, dans les grands prés.
On met donc les animaux dans des “clapiers”, tout comme nombre d’humains se mettent eux-mêmes dans des “clapiers”, ces appartements dans des immeubles (j’ai vécu ça les 30 premières années de ma vie), le tout dans des villes. Là on y fait de l’élevage intensif d’animaux et d’humains, selon ce que l’on veut en faire, ce que l’on attend de chacun, les manger pour leur chair ou les manger économiquement parlant.
La chasse oui, mais pas le dimanche !
Certaines personnes veulent bien qu’il y ait des chasseurs, mais alors pas le dimanche ! pour que les familles puissent se balader en forêt le week-end pendant les périodes de chasse ouverte. Alors, il y a tout un tas de textes de lois, de réglementations qui encadrent la chasse (je parle pour la France), mais ce qui me vient d’emblée à l’esprit, c’est cette image de l’ours dans sa forêt qui verrait déboulée une famille pour une petite balade organisée.
Alors là, nounours, laisse-moi te dire, la traque, oui ! mais pas le dimanche, hein ! Oui, bon, ok, je suis encore en train de caricaturer, mais enfin, c’est ce que ça m’inspire. Une image décalée de la réalité de la vie. Des demandes de gens des villes (le plus souvent), ces mêmes gens qui ont choisi de vivre hors du monde animal, barricadés qu’ils sont dans leurs villes, leurs immeubles, leurs zones de béton et de bitume (encore une fois, j’ai vécu ça pendant 30 ans, j’ai été dans la peau de ces gens-là). Ces personnes qui crient et scandent leur malaise profond, leur malaise personnel, en prenant la cause animale comme déversoir.
Pour mieux nous replacer dans le contexte, transportons-nous deux minutes dans la savane africaine. Pensez-vous sincèrement que le lion va vous octroyer une trêve du jour dominical si vous débarquez sur ses terres et qu’il est affamé ?
Mais bon, en France, oui, il s’agit de relations humaines, de vies d’humains au sein de forêts ou les grands prédateurs au niveau animaux sauvages ont disparu. Il s’agit de zones où les loups et les ours n’ont pas réapparu, car sinon, comme dans les Pyrénées, il y aurait tout un apprentissage à refaire, un savoir perdu depuis longtemps, pour que cohabitent à nouveau hommes et animaux sans qu’il y ait trop de dégâts (faut pas rêver, il y en a forcément, mais c’est l’État qui paie derrière ! alors nous sommes tous sauvés… – oui, là, ok, je suis un brin cynique -, mais bon, pourquoi pas !).
“Un monde sans chasse, c’est la nature qui revit.” : FAUX !
Je suis tombée sur cette phrase, l’autre jour “Un monde sans chasse, c’est la nature qui revit”, et c’est ce qui m’a fait parler de ce sujet aujourd’hui.
Il n’y a rien de plus faux, car le duo prédateurs et proies font partie intégrante du mode de fonctionnement de la nature. Et pour s’en convaincre il suffit de l’observer !
Un lieu fermé sans prédateur est un lieu voué à la mort (voir la vidéo/podcast ci-dessous à ce propos). Car oui, l’humain, les hommes sont si nombreux à notre époque, que les lieux pour le monde animal s’en retrouvent forcément “cloisonnés”, or encore une fois, qui dit cloison sans prédateur, dit mort à terme. Ou alors c’est qu’il s’agit d’un zoo.
Refuser de laisser circuler le cycle de vie/mort/vie avec ce rôle important qu’ont les proies et les prédateurs, c’est plonger vitesse grand V toute une zone dans ce que l’on voulait éviter au départ, la mort de tout. Mais comme le monde animal n’est pas fou, qu’il a un instinct de survie intact, eh bien c’est ouvrir la grande débâcle du monde animal vers… les villes !
Car oui, la force de vie sera la plus forte, et elle précipitera les animaux dans les cités des hommes qui eux, d’un seul coup, se souviendront d’une époque lointaine ou il y avait des chasseurs. Ces humains qui régulaient les populations animales par la chasse. Cette époque où il y avait des prédateurs et des proies…
Odile
Note : l’histoire du poisson à tuer c’était sur des rochers et non sur du plancher.
(vidéo/podcast, car je me suis aperçu trop tard que la caméra ne filmait pas)