Marcher pied nu, vivre pied nu, avec cette constatation au bout de plusieurs mois : les (mes) pieds grandissent à l’âge adulte parce qu’ils ne sont plus comprimés dans des chaussures. En fait nos pieds prennent leur véritable taille, leur véritable place dès lors qu’on leur en laisse la possibilité…
Cela fait plus de 100 000 ans que l’homme marche pieds nus, 3 500 ans qu’il marche avec des chaussures et seulement 147 ans que les chaussures de sport existent. Du coup, pourquoi marcher pieds nus, pourquoi aller à contre sens ? Peut-être bien pour reprendre la véritable mesure de nos pieds et dans la foulée de nos vies, de notre vie ! Prendre notre vraie place dès lors que nous nous en donnons les moyens. Dès que nous nous autorisons à agir en ce sens tout du moins.
L’approche est en fait la même que pour l’alimentation crue que je pratique maintenant depuis plusieurs années, c’est une remise en question complète d’un mode de vie jugé normal par une majorité et qui ne l’est pas tant que ça au final. Explications…
Quand un accessoire de progrès se révèle être un outil d’asservissement et donc de dépendance
A la base, nous naissons tous nus. Nous ne naissons pas chaussés et vêtus. Nous sommes donc fait dès le départ pour survivre dans les conditions de notre naissance (oui je sais vous allez me dire, non mais Odile, tout dépend dans quel coin du monde nous naissons ! ok, quoique… voir lien ci-contre). Qu’il s’agisse de supporter les différence de températures (et donc de réguler naturellement notre thermostat corporel intérieur face au chaud ou au froid extérieur) tout comme de marcher sur le sol, l’être humain est de fait constitué pour !
Que l’homme ait par la suite décidé de soi disant se simplifier la vie en s’ajoutant des vêtements et des chaussures serait presque un détail anecdotique s’il n’avait pas pris une dimension impressionnante dans nombre de cultures ! La plus éloquente ? Celle qui me vient d’emblée à l’esprit c’est celle des femmes chinoises avec leurs pieds bandés…
Alors bien sûr l’histoire des pieds bandés des femmes chinoises est typique d’un choix extrême et pourtant…
En quelques mots, l’histoire des femmes chinoises aux pieds bandés
- La pratique du bandage des pieds aurait débuté au cours du Xe siècle et commençait avant que la voûte plantaire soit complètement formée, les petites filles étaient donc prise en main entre l’âge de quatre et neuf ans.
- Les orteils étaient repliés vers la plante du pied et enserrés avec des bandes de tissu en coton.
- Les orteils et la voûte plantaire étaient donc brisés de force et on serrait de plus en plus fort les bandes de coton jusqu’à obtenir le résultat souhaité le temps passant.
- Avoir les pieds bandés étaient une obligation pour faire un bon mariage et avoir une vie jugée alors confortable.
- La dernière usine de chaussures pour pieds bandés a fermé en 1999.
- Après avoir été adulées, admirées, ces femmes ont eu une vie particulièrement difficile lors de la révolution culturelle en Chine (Mao Tsé-Toung, etc.) puisqu’elles représentaient ce passé que la révolution balayait et qui faisait travailler tout le monde dans les champs… Donc chacun peut imaginer le calvaire de ces femmes qui pouvaient à peine se déplacer, qui pouvait à peine marcher.
Lorsqu’il est question de s’intégrer dans un groupe, lorsqu’il s’agit d’améliorer sa condition financière, l’être humain est capable de bien des choses ! Entre autre de s’atrophier volontairement physiquement (lui et ses proches, qu’ils soient d’accord ou pas) pour y arriver.
Quand marcher pied nu ça ne fait pas civilisé ça fait sauvage
Le prix à payer est ici la liberté de se déplacer sans souffrance. On ne se déplace plus. Ou si ! mais uniquement grâce aux autres, si cela correspond à la bonne volonté d’autrui…
Le fait de marcher et de courir n’est donc plus à l’ordre du jour, cela ne fait plus partie de la vie courante de l’animal humain. Mais attention ! Celui-ci est chaussé, il est cultivé, il fait partie d’une culture, d’un groupe, d’une classe sociale. Il s’agit ici d’un être humain et plus d’un animal, enfin soi-disant.
Quand l’animal humain se prend pour ce qu’il n’est pas : un non animal
La différenciation entre l’homme et l’animal est un grand thème majeur dans l’histoire humaine. Pourtant quoique l’on en dise, cela ne change rien au fait que nous sommes toujours des mammifères. Nous fonctionnons tous selon les lois naturelles. Lois qui souvent nous dépassent d’ailleurs complètement, puisque nous en sommes toujours aux balbutiements pour ce qui est de les connaître et d’en profiter pleinement.
Donc oui, nous avons des capacités physiques que nous avons choisi d’abandonner au cours de notre histoire, au profit de la recherche matérielle pour pallier un prétendu manque qui n’existait pas à l’origine.
En fait, nous nous sommes mis au service des machines que nous avons créés pour mieux nous en protéger. L’exemple type étant les chaussures de sécurités pour les travaux dans le bâtiment ou dans diverses usines. Nous nous sommes mis au service des diverses modes de chaque époque pour mieux nous faire accepter dans des clans, dans des groupes, dans LA société qui nous intéresse ou nous environne.
Et ça, à mes yeux, c’est une pratique assez perverse finalement, car c’est ce qui nous est enseigné dès notre plus jeune âge. Nos parents en étant intimement persuadé. C’est pour notre bien ! C’est pour notre bonne intégration… dans le moule.
Parce que oui, si aujourd’hui des hommes peuvent faire des kilomètres et des kilomètres pieds nus tout en se portant à merveille c’est bien que cela lui est tout à fait naturel ! Il en a juste perdu l’usage. Il en a juste perdu… l’autorisation de l’usage ?
Désapprendre pour mieux réapprendre et agir…
Arriver à marcher pied nu dans une culture des pieds chaussés
J’avais déjà fait une sérieuse approche quelques années avant, avec mon histoire d’électrosensibilité. Oui, je savais que les ions négatifs avaient leur rôle à jouer et qu’avec des chaussures et surtout avec nos semelles en plastique nous nous mettions à l’écart (et en péril !) des bienfaits de la nature sur tout être vivant.
Ensuite, j’ai découvert que j’étais plus à l’aise pieds nus chez moi qu’avec de simples chaussons. Et puis quand je me suis aperçu que mes pieds avaient pris une pointure de plus en l’espace quelques mois, alors là je me suis mise à cogiter ferme.
La recherche des frangins et frangines, la recherche des marcheurs aux pieds nus
Alors comme souvent dans ces cas là, on se cherche des frères et des sœurs, pour se rassurer. On se retrouve en quête de personnes qui ont fait le même constat que soi. Des personnes qui ont basculées. Des gens qui sont passées de l’autres côté de la force, comme on dit en riant. Des personnes du même clan que nous, ou tout du moins de celui dans lequel nous allons peut-être bien entrer…
Ouais ! Je voulais des exemples. Je cherchais du concret. Nom de Zeus, comment ils ont fait pour marcher pied nu au beau milieu de notre culture des pieds chaussés !!!???
Marcher pied nu et courir pied nu !
Extraits de deux interviews trouvées sur le site Courir un trail :
Témoignage de Christian Harberts
J’ai commencé à courir pieds nus en 2010. (…) c’était à la fois un choix de vie et une décision sportive par rapport à des blessures. À l’époque, ce qui me donnait le plus de difficulté, ce n’était pas la problématique sportive, mais le regard des autres, de la société.
J’avais juste mes pieds à l’air, et pourtant j’avais l’impression d’être tout nu. C’est un refrain que beaucoup de personne qui se lancent dans la course pieds nus vont citer. Et c’était mon cas. Ce n’était pas bloquant, mais cela m’a accompagné pendant plusieurs semaines avant de s’estomper.
Plus tard, j’ai couru en kilt. C’était aussi une question de foi pour des raisons qui me sont propres. Ces débuts étaient un peu compliqués par ces aspects-là. En civil, j’ai tendance à rester chaussé avec des chaussures minimalistes, par habitude. Ce n’est pas que c’est impossible, mais le fait de me déplacer sans chaussures est dans mon cas réservé à l’acte sportif. C’est juste une habitude qui s’est installée comme ça.
J’ai commencé à courir pieds nus en automne. J’ai découvert qu’à moins d’être dans la saumure, dans la neige fondue, le froid ne pose jamais de problème pour la course pieds nus, surtout sur du bitume, à condition de ne pas s’arrêter. Cela peut paraître ridicule, mais c’est vrai que tant qu’on bouge, la circulation sanguine fait que le froid n’a pas le temps de s’installer.
La nature est bien faite ! Le fait de bouger pendant 5/10 minutes enlève la sensation de froid, si la circulation sanguine fonctionne normalement. Cela devient même agréable. En fin d’hiver, j’ai un peu le symptôme des pieds chauds. Ils sont tellement habitués au froid qu’il sur-compense. Le froid n’a jamais été un problème.
Témoignage de Bruno Redon
Chez moi, c’est plein de sentiers très agréables à sillonner en compagnie de mon chien. C’est là que l’envie de déchausser à nouveau est revenue. La sensation du sol sous les pieds est le meilleur relaxant que je connaisse !
Je me suis vite rendu compte que pieds nus, mon dos cessait de me faire souffrir. J’ai donc tenté de trottiner un peu. Toujours pas de douleur. Puis franchement de courir : toujours à l’aise !
C’était parti pour une vie de Va-Nu-pieds . Mais en cachette. Je quittais le village chaussé, puis retirais mes chaussures pour courir et les remettais avant de regagner le village. Peur du regard des autres, de passer pour un dingue.
Trois mois plus tard, j’étais au départ de ma première course officielle : les 10 km de Tours. Je l’ai fait pour forcer cette barrière psychologique qui me bloquait. Et par la même occasion, j’ai découvert l’ambiance des courses et j’ai adoré ça.
Marcher pied nu : mes balbutiements en chaussettes
Alors moi je n’ai pas l’intention de courir pieds nus et ce même si j’ai ce souvenir qui me revient souvent. Ce souvenir de l’un de mes petits enfants, l’un de mes petits fils qui, lorsqu’il avait de un à trois ans, courait partout pied nu dans le jardin. Il se fichait totalement de savoir s’il y avait du gravier au sol ou non !
Lui, il courait et s’amusait comme un petit fou sans se faire le moindre mal. D’ailleurs à cette époque là il était en pleine forme. Sa santé était parfaite.
Mon approche est celle d’une femme qui souhaite juste vivre comme bon lui semble au moment où elle en a envie, comme d’hab, quoi. Bref, en toute autonomie ! ou en folle autonomie, c’est comme vous voulez, comme vous voyez la chose.
Ce qu’il est bon à savoir tout de même, c’est que les chaussures de sport avec tous les amortis au niveau des talons et le confort fictif qu’elles apportent, sont en fait des béquilles supplémentaires dont on se passerait bien (au même titre que les lunettes, d’ailleurs). Des béquilles dont les coureurs que j’ai cité plus haut ont décidé de se passer et ce pour leur plus grand bien être !
Au final je ne sais pas encore où tout cela va me mener. Par contre ce que je sais, c’est que j’y ai pris un grand plaisir et que je vais renouveler l’expérience. Donc, à suivre…
Odile
Pour en savoir plus :