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Contemplation, ou l’art de voir beaucoup, de voir la richesse infini, l’abondance de ce monde ! avec quasi rien, ou si peu de choses.
Quid de la contemplation
Dans la grande distribution, au rayon de la contemplation, on trouve souvent l’aspect irrationnel, puis philosophique, puis mystique associé à ce mot. La méditation vient également se serrer tout contre, là, bien au chaud, sous la protection de ce vocable englobant tellement de possibilités à lui tout seul.
Pour moi, la contemplation permet de savourer combien tout est parfait autour de soi, combien tout s’équilibre magnifiquement. Comme lorsque je marche, lorsque je pars en balade, en randonnée et que je constate les dégâts causés par la main (et les machines) de l’homme au cœur de la forêt, mais ces arbres abattus pourrissants là nourrissent cette terre qui les a vu naître, une flopée d’insectes de toutes sortes vivent dans ces troncs à l’abandon, ils sont donc tout sauf abandonnés, ils sont logis et nourriture, substrat futur. La vie se moque des aléas de l’instant, des secousses du moment, elle est dans l’éternité. Et la contemplation offre ce cadeau sans prix, celui de rejoindre cette éternité. C’est une question de regard, de vision, de voir au-delà. Si une voiture fait vrombir son moteur au milieu d’un chant d’oiseaux, peu importe finalement, le chant n’en paraîtra que plus beau, le calme du lieu plus magique encore, une fois le perturbateur éloigné.
“Oui mais là tu es dans un cadre idyllique ! demande à ceux qui vivent la guerre, la mort d’un proche, un accident, une maladie grave, une perte d’emploi, etc. et ce sera un tout autre son de cloche !”
L’éternité est partout, ce calme là, cette paix là, cette sérénité là, à chacun de s’accrocher à la queue de cette étoile filante, elle règne en maître sur le monde du vivant, nombre de fous l’ont trouvé et s’y sont ancrés, c’est là qu’ils ont trouvé leur force au milieu d’atrocités en tous genres.
Il y a plusieurs années, ce passage d’un livre de Yasmina Khadra, “Ce que le jour doit à la nuit”, m’avait marqué :
– C’est vrai que les Arabes sont paresseux ?
Mon oncle était surpris par l’agressivité de mon ton.
Il avait reposé le livre qu’il était en train de parcourir et s’était retourné vers moi. Ce qu’il avait lu sur ma figure l’avait attendri.
– Viens un peu par ici, mon garçon, m’avait-il dit en m’ouvrant ses bras.
– Non… Je veux savoir si c’est vrai. Est-ce que les Arabes sont des paresseux ?
Mon oncle s’était pris le menton entre le pouce et l’index en me dévisageant. L’heure était grave ; il me devait des explications.
Après avoir réfléchi, il s’était mis en face de moi et m’avait dit :
– Nous ne sommes pas paresseux. Nous prenons seulement le temps de vivre. Ce qui n’est pas le cas des Occidentaux. Pour eux, le temps, c’est de l’argent. Pour nous, le temps, ça n’a pas de prix. Un verre de thé suffit à notre bonheur, alors qu’aucun bonheur ne leur suffit. Toute la différence est là, mon garçon.
Aparté : Alors, pour ne pas tomber dans ce piège si joliment tendu par Yasmina Khadra (qui au passage est un homme, un ancien soldat ayant choisi le prénom de sa femme comme nom de plume) lorsque l’on ignore l’histoire de l’Afrique du nord, à savoir le trafic incessant d’esclaves blancs orchestrés par les pirates des mers (cela a duré de 1500 à 1830, les corsaires algériens, les pirates turcs, avec comme exemple hyper connu la captivité de Cervantès) avec pour destination Alger et donc, eh bien tous les travaux (forcés) que ne faisaient pas… les locaux. Puis ensuite, donc à partir de 1830, la colonisation de l’Algérie par les français qui correspond au texte de Y.K. Mais sur le fond, oui, je le rejoins complètement, prendre le temps de vivre n’est en aucun cas de la paresse, et cela n’a rien à voir avec le fait d’être un occidental ou pas. Tous les gardiens de troupeaux de moutons, chèvres,.. du monde entier sont des contemplatifs, entre autre…
Alors, et vous, qu’allez-vous rendre parfait aujourd’hui ? un instant T ? une demi-journée ? une journée entière ? ou, soyons fous, visez-vous que cela devienne votre quotidien ? car ne l’oublions pas, il est bon de voir grand, alors…
N’attends pas l’instant parfait. Saisis l’instant et rends-le PARFAIT.
Odile
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