Comportement tyrannique avec l’idée du bien-être, comment peut-on associer la tyrannie avec le bien-être ? C’est simple, il suffit de vouloir être utile à son prochain sans vraiment lui laisser le loisir de ses choix, de ses prises de décisions, de ses tâtonnements, de ses erreurs.
Au début était l’amour
Au cours de ma vie je me suis mariée deux fois. J’ai vécu 12 ans avec mon deuxième mari, celui avec qui j’ai partagé la première partie de l’aventure construction de la maison en famille, car la deuxième partie je l’ai fait seule, enfin je veux dire sans compagnon, sans époux, mais avec l’aide régulière d’un ami de très longue date, à savoir… mon premier mari devenu mon meilleur ami au fil des ans.
Pourquoi avoir décidé de divorcer alors que nous avions fondé un foyer (au propre comme au figuré) ? Parce que j’avais fait de mon époux mon Bagdad personnel. Parce que je jouais aux États-Unis jouant aux libérateurs. Parce que j’avais décidé dès le début que j’étais celle qui pourrait lui donner confiance en lui. Parce que je trouvais inconcevable qu’un homme d’une telle gentillesse puisse ne pas être heureux, puisse se pourrir ainsi l’existence en ne reconnaissant pas toutes ses capacités, en se dénigrant sans cesse.
A une amie d’enfance, il était allé jusqu’à dire qu’il avait beaucoup de chance et qu’il ne comprenait pas ce que je pouvais bien lui trouver. Qu’il était la bête et que j’étais la belle…
Construire soi-même sa maison, avoir femme et enfants, bordel, ça aurait dû lui donner confiance en lui !
Oui mais, sauf que… j’étais encore trop ignare sur le fonctionnement des choses de la vie, je ne savais pas encore qu’on ne change pas les gens, qu’on ne change pas les choses de l’extérieur, mais qu’il faut que cela vienne du dedans.
Quand le comportement tyrannique est présent, et donc que le tyran du bien-être s’épanoui et déclare la guerre pour le bien des autres…
A l’image des États-Unis s’acharnant sur l’Irak, sur Bagdad, pour prétendument y installer une démocratie, j’ai fait mon tyran du bien-être, je me suis acharnée sur mon époux pour lui prouver par a plus b qu’il devait avoir confiance en lui. Je me suis acharnée sur lui pour le changer. Là était toute mon erreur, là est très souvent une des plus grosses erreurs. Le tyran du bien être…
J’étais donc entrée en guerre contre mon mari sans vraiment m’en rendre compte au départ. C’est l’éternel refrain stupide du “mais c’est pour ton bien”, le truc qui d’office va tout saccager, le type même du comportement tyrannique.
Lorsque l’on entre en guerre, il faut s’attendre à des ripostes, à des territoires donnés pilonnés, il me toucha donc tous les soirs de ses missiles dès son retour du boulot avec le refrain de ses collègues : “faut mettre ta femme au boulot, elle se la coule douce à ne pas travailler !” (j’élevais 4 enfants, le dernier n’avait pas trois ans).
C’était donc à qui ferait le plus de dégâts chez l’autre, le tout sous le si beau prétexte du “mais c’est pour ton bien !”, c’est l’éternel langage de tout tyran, encore une fois, c’est le type même du comportement tyrannique.
Arriva le moment où je n’en pouvais plus, où je souhaitais sa mort chaque jour un peu plus, où l’amour avait basculé jusqu’à l’autre bout de la corde pour tomber dans la haine. Arriva ce moment où je demandais le divorce et où je lâchais complètement celui que je “soutenais pour son bien” depuis douze années.
Quand le chaos prend place suite au comportement tyrannique
Les mois qui suivirent notre séparation furent révélateurs, je rajeunissais à vue d’œil d’après le voisinage (je m’étais déchargée d’un fardeau qui n’était pas le mien), pendant que lui prenait 20 kg.
Et puis, et puis arriva le moment fatidique, ce moment où les âmes bienveillantes de sa famille décidèrent de se mêler de cette histoire, ce moment où ses parents décidèrent de prendre les choses en mains (de nouveaux tyrans du bien-être apparaissaient) et où lui, paumé qu’il était au centre de toutes ces explosions, où lui partit à son tour en vrille et leva la main sur moi et ce devant nos enfants. Je déposais alors plainte pour violence conjugale au beau milieu de la procédure de divorce. Bagdad était dévasté, c’était le chaos total, et les États-Unis se trouvaient défaits aux yeux de tous pour avoir voulu changer un pays qui ne le voulait pas.
Vous avez dit comportement tyrannique ?…
En conclusion
Pourquoi suis-je là à vous raconter tout ça, pourquoi suis-je là à vous raconter ma vie ? Pas pour vous faire changer, non. Quoique… Incorrigible folle va ! On ne change pas un pays. On ne change pas une personne. Ce changement ne peut venir que du dedans. Tout le reste n’est que littérature et inepties, les tyrans du bien-être ayant suffisamment fait leurs preuves depuis des siècles et des siècles.
Alors pourquoi avoir parlé de tout ceci ? Parce que j’ai au fond de moi cette idée folle que mon témoignage peut en éclairer plus d’un. Un qui se trouve perdu dans les sombres couloirs du “c’est pour ton bien”. Une façon d’épargner des vies humaines sans doute, et ce même si c’est aussi une ineptie car c’est suite à nos expériences que nous pouvons avancer, et que chercher à supprimer la dureté de celles-ci n’aide en rien à faire face à ce qu’est la force, la puissance parfois dévastatrice de la vie.
C’est pour que vous reconsidériez d’un œil neuf vos déboires. Pour que vous observiez tout cela par un autre bout de la lorgnette.
Si ces lignes vous touchent, si elles font écho en vous, si cela vous parle – que vous soyez du côté de celui qui veut changer l’autre ou du côté de celui qui subit cela -, alors cela veut dire que le travail intérieur peut peut-être se faire (peut-être est-il en cours puisque vous lisez un texte avec un tel sujet). Mais ici je ne serais pas derrière vous à vous asticoter pour voir combien vous avez pris bonne note de tout ce qui précède. Non. Ce sera votre travail à vous et rien qu’à vous. Moi je n’aurais servi que de catalyseur, car après tout je pense que c’est là mon boulot.
Je peux donner des pistes (des étapes, un parcours), je peux partager des anecdotes personnelles, je peux raconter comment je m’y prends pour moi, et ça s’arrête là.
Tout ce que je vous souhaite, c’est de pouvoir naître à vous-même…
« A toute misère ouvre ton cœur, et ne prends personne à ta charge. » La véritable charité ne dérobe pas à autrui sa liberté, elle ne le dispense nullement d’exercer sa responsabilité et d’assumer son destin.
Prenez soin de vous
Odile
Pour en savoir plus :
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